Taxe plastique : Surfrider et Zero Waste France appellent les députés à résister aux lobbies
Une suppression motivée par un argumentaire trompeur, porté par les industriels du plastique
Proposée par le gouvernement Lecornu dans son Projet de loi de finances 2026 (article 21, section 6) [1], la taxe sur les emballages plastiques a fait l’objet de 5 amendements de suppression, présentés à l’Assemblée nationale en commission des finances. L’un d’entre eux [2], porté par les député·es du parti présidentiel Ensemble pour la République (EPR), Guillaume Kasbarian (Eure-et-Loir) et Prisca Thévenot (Hauts-de-Seine), a été adopté ce mercredi 22 octobre. Dans la foulée du vote, l’association professionnelle des fabricants d’emballages plastiques ELIPSO s’est réjouie de cette suppression [3].
“Supprimer la taxe plastique, c’est céder au discours des industriels qui refusent de changer de modèle. Quand à peine un quart des emballages plastiques est recyclé, on ne peut plus fermer les yeux sur l’ampleur du problème,” alerte Marine Bonavita, chargée de plaidoyer de Zero Waste France. “Cette taxe est un levier essentiel pour forcer le marché à évoluer vers des emballages réellement recyclables.”
La taxe plastique, une simple application du principe du pollueur-payeur
Les députés Guillaume Kasbarian et Prisca Thévenot pointent également le coût de la “gestion des emballages ménagers”, “lourdement” financée par les entreprises via les éco-organismes qui gèrent la filière à Responsabilité élargie des producteurs (REP).
“Le fait que les éco-organismes contribuent financièrement à la gestion des emballages est une simple application du principe du pollueur-payeur”, rappelle Lisa Pastor, chargée de plaidoyer de Surfrider Foundation Europe. “C’est parce que ce principe est dysfonctionnel, et ne permet pas d’atteindre nos objectifs écologiques, que l’Union Européenne sanctionne chaque année la France. C’est pourquoi une taxe plastique est nécessaire aujourd’hui”.
En effet, l’objectif de cette taxe sur les déchets d’emballages plastiques est de faire porter aux éco-organismes une partie des coûts de la contribution due par la France à l’Union européenne au titre des déchets d’emballages plastiques non recyclés — plus d’1,5 milliard d’euros en 2024 [4].
“Actuellement, cette contribution est entièrement payée par l’Etat et donc les contribuables français : c’est injuste”, dénonce Marine Bonavita. “Le recours massif à des emballages plastiques qui vont polluer l’environnement tout au long de leur cycle de vie relève de choix industriels arbitraires, guidés par la recherche de profits. Les Français n’ont pas à payer pour les pollueurs.”
Un appel aux votes des députés en séance publique
La taxe sur les emballages plastiques sera discutée en séance publique à l’Assemblée nationale à partir de ce vendredi 24 octobre. Dans cette perspective, Surfrider Foundation Europe et Zero Waste France appellent les députés à rejeter les amendements visant à sa suppression, et au contraire à voter pour une hausse progressive de cette taxe.
“La taxe actuellement proposée par le gouvernement équivaut à 150€ la tonne d’emballages plastiques non recyclés à l’horizon 2030, c’est très faible quand on sait que 800€ par tonne sont demandés par l’UE”, explique Lisa Pastor. “Pour envoyer un signal fort en faveur de la réduction des plastiques, il faut la réhausser drastiquement. Plusieurs amendements, certains transpartisans [5], d’autres déposés par le parti présidentiel [6], les socialistes [7], ou encore les écologistes [8], vont en ce sens.”
Sources
[1] Projet de loi de finances pour 2026
[2] AMENDEMENT No I-CF1797 18 octobre 2025
[3] Post LinkedIn d’ELIPSO, 22 octobre 2025
[4] Taxe plastique : la France doit payer 1,5 milliard d’euros à l’Europe, et ce n’est pas la première fois, Novethic, 14 août 2024
[5] Amendement n°I-2628, 22 octobre 2025
[6] Amendement n°I-1509, 21 octobre 2025
[7] Amendement n°I-1245, 21 octobre 2025
[8] Amendement n°I-2645, 22 octobre 2025




