Projet de loi 3DS : une réaffirmation des compétences d’économie circulaire des collectivités locales

Un projet de loi qui vise à renforcer les compétences et le dialogue entre les différents niveaux de collectivités territoriales a été voté en février 2022. Cette décentralisation pourrait-elle être l'occasion d’accentuer les efforts des collectivités territoriales en matière de prévention des déchets et d’économie circulaire?

Partager

Le projet de loi “3DS” (anciennement “4D”), fait suite au Grand débat national organisé de janvier à mars 2019, qui a suivi la crise des gilets jaunes. Lors de ce débat, les élu.e.s locaux ont exprimé un besoin accru de proximité et d’adaptation de l’action publique aux spécificités des territoires. A ce titre, des concertations locales ont été conduites depuis 2020 afin d’élaborer le texte qui s’articule autour de quatre priorités, comme l’indique son titre : la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et la simplification de l’action publique locale. La version définitive du texte a été adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat les 8 et 9 février 2022

Quels sont les apports de ce projet de loi en matière de déchets et d’économie circulaire ?

Globalement, le projet de loi réaffirme les compétences des collectivités territoriales en matière de transports, de logement, d’insertion sociale, de santé et de transition écologique.

Les communes pourront transférer certaines de leurs compétences à leur intercommunalité (communauté d’agglomération, communauté de communes…), permettant davantage de souplesse dans le fonctionnement de celles-ci. Parmi elles, l’entretien de la voirie, donc le nettoyage de l’espace public et la lutte contre les dépôts sauvages, pourra être délégué à l’intercommunalité

L’intercommunalité étant déjà en charge de la collecte et du traitement des déchets, ce transfert permettrait de mutualiser et d’harmoniser des actions de sensibilisation et de  médiation pour inciter à réduire les déchets. Zero Waste France, dans un rapport sur les dépôts sauvages publié en 2018, préconisait déjà une convention commune – intercommunalité pour co-financer les poubelles et les cendriers de rue.

Une délégation du fonds « économie circulaire » de l’ADEME au profit de la Région, ça change quoi pour la prévention des déchets ?

Le projet de loi prévoit que l’Ademe puisse déléguer à la Région l’attribution de subventions du fonds économie circulaire. 

Ainsi, c’est la Région, à sa demande, qui pourra attribuer aux acteurs de terrain des subventions pour financer des actions de prévention et de gestion des déchets. Ce fonds vise à aider les collectivités territoriales, les entreprises et les organismes relais engagés dans une démarche territoriale de transition vers l’économie circulaire. L’agence et la région volontaire concluront une convention qui définit la durée de la délégation, le montant des subventions déléguées, les critères d’attributions des aides, les objectifs à atteindre ainsi que les modalités de règlement. 

Cette délégation peut être une opportunité de donner plus de moyens financiers à la réalisation du Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets, dont a la charge la Région, qui est censée avoir comme premier objectif de donner la priorité à la prévention et à la réduction de la production de déchets. Zero Waste France reste toutefois vigilante sur les modalités de délégation et le contrôle qui sera fait des différentes attributions. 

Ce fonds “économie circulaire”, indépendamment du décisionnaire, doit en effet financer en priorité des mesures ambitieuses de prévention de déchets, aujourd’hui trop peu mises en avant dans les stratégies d’économie circulaire. En 2018, moins de 1% des 135 millions d’euros attribués par l’ADEME à l’économie circulaire ont été consacrés à des initiatives de réduction des déchets. L’essentiel des fonds ont été en priorité accordés à des projets de recyclage et de méthanisation.

Une place nouvelle des préfets dans les agences environnementales

Le préfet de région sera désormais le délégué territorial de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), ce qui permettra, selon la loi, “de garantir sa bonne articulation avec l’action des autres services de l’État”.

Le préfet de département doit devenir quant à lui le délégué territorial de l’Office français de la biodiversité (OFB). 

Concrètement, avec ce projet de loi, le préfet devient le garant de la mise en place des actions de l’ADEME ou de l’OFB sur son territoire.

Même si elles n’ont pas la compétence “déchets”, toutes les collectivités ont un rôle à jouer dans la prévention et la réduction des déchets. Cette délégation des agences environnementales permet d’engager un pas de plus vers la responsabilisation de toutes les collectivités locales pour agir en faveur de la transition écologique.

Actualités

19 avril 2024

Traité mondial sur la pollution plastique : Zero Waste France se rend à Ottawa pour la reprise des négociations

Alors que les gouvernements reprennent, mardi 23 avril à Ottawa (Canada), les discussions en vue de l’adoption d’un texte contraignant pour mettre fin à la pollution plastique, Zero Waste France s[...]

à la une
11 avril 2024

Prévention des déchets : les dysfonctionnements du principe pollueur-payeur

Dans son nouveau rapport, rendu public lors d’un débat organisé à l’Assemblée nationale le 11 avril 2024, Zero Waste France dresse un bilan critique de l’application du principe pollueur-payeur, à[...]

04 avril 2024

Affichage environnemental du textile, un étiquetage qui s’affiche ambitieux

L’affichage environnemental, prévu dans la loi Agec, voit son rôle renforcé par la proposition de loi fast-fashion en débat au Parlement. En quoi consiste ce nouvel étiquetage prévu sur les vêteme[...]

14 mars 2024

Loi sur l’impact environnemental du textile : un premier pas historique pour en découdre avec la fast-fashion

Après des mois de forte mobilisation, la coalition Stop Fast-Fashion se félicite du vote par les député·es de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du textile. Malgré des[...]

08 mars 2024

La lutte écologique ne se fera pas sans une lutte féministe

A travers la démarche zéro déchet zéro gaspillage, c’est souvent l’écologie des petits gestes qui est privilégiée. Au-delà du fait que cette démarche ne peut être considérée comme l’unique et seul[...]

06 mars 2024

Règlement européen sur les emballages : Zero Waste France et No Plastic In My Sea regrettent un texte édulcoré et insuffisant pour mettre fin au tout-jetable

Les négociations sur le règlement UE sur les emballages ont abouti lundi 4 mars 2024 sur un accord de compromis entre les États membres et le Parlement européen, mais l’accent mis sur le recyclage[...]

26 janvier 2024

Moins 30% d’ordures ménagères avec la mise en place d’une tarification incitative

L’Ademe a publié en janvier deux études sur les collectivités ayant adopté une tarification incitative, montrant leurs meilleures performances en matière de réduction des ordures ménagères, et rel[...]

18 janvier 2024

Réparation : la loi AGEC a-t-elle permis de limiter la casse ?

Indice de réparabilité, accès aux pièces détachées, bonus réparation : autant de mesures prévues par la loi AGEC pour allonger la durée de vie des produits, notamment des équipements électriques e[...]

22 décembre 2023

Loi AGEC : assistera-t-on aux changements annoncés pour le 1er janvier 2024 ?

Bientôt quatre ans après la publication de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, de nouvelles dispositions doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2024. Zero[...]

21 décembre 2023

Fast-fashion : les ONG demandent une loi pour encadrer les pratiques du secteur de la mode

Alors que le Black Friday et autres soldes continuent de s’imposer en France à grands coups de publicités tapageuses, Zero Waste France a lancé avec une coalition d’ONG la campagne “Stop fast-fash[...]