07 mars 2019
Thibault Turchet

Plainte STOP PUB contre Intermarché et Pizza Hut : classement sans suite avec rappel à la loi

Le 30 août 2018, Zero Waste France et Zéro Déchet Strasbourg portaient plainte contre deux établissements strasbourgeois d'Intermarché et Pizza Hut, pour non-respect du STOP PUB. Six mois après cette première, le Procureur de la République a décidé de classer la plainte sans suite, tout en adressant aux enseignes un rappel à la loi.

Partager

Classement sans suite avec rappel à la loi

Un premier pas est donc franchi pour démontrer que le non-respect de cet autocollant constitue effectivement une contravention, est pris au sérieux et pourra un jour exposer à des poursuites.

Il s’agit d’une décision encourageante, vers une reconnaissance que le non-respect du STOP PUB constitue effectivement une infraction pénale. Pour mémoire, la plainte déposée par Zero Waste France et Zéro Déchet Strasbourg se fondait sur l’article R633-6 du Code pénal qui dispose que : « […] est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la 3e classe le fait de déposer, d’abandonner, de jeter ou de déverser, en lieu public ou privé, à l’exception des emplacements désignés à cet effet par l’autorité administrative compétente, des ordures, déchets, déjections, matériaux, liquides insalubres ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit, y compris en urinant sur la voie publique, si ces faits ne sont pas accomplis par la personne ayant la jouissance du lieu ou avec son autorisation » (amende de 450€ – multiplié par 5 pour les personnes morales).

En classant sans suite, le Procureur a en revanche considéré, en vertu de son pouvoir d’appréciation, qu’il n’était pas « opportun » d’engager des poursuites au regard de la gravité des faits. Il a en somme considéré qu’il était nécessaire de laisser une chance aux enseignes identifiées, en leur adressant cet avertissement sous la forme d’un rappel à la loi.

Cette décision n’est donc pas surprenante puisqu’il s’agissait d’une première du genre, appelant à une action pérenne et progressive. Ce dossier de plainte était très pédagogique : le rappel à la loi qui en découle est une première pierre pour la construction d’une jurisprudence claire, établissant le fait que ne pas respecter le STOP PUB constitue une contravention et peut être sanctionnée. Voilà qui jette une base intéressante pour de futures actions.

Un rappel à la loi, et après ?

Depuis 2017, un groupe facebook permet, à Strasbourg, de tracer les enseignes ne respectant pas l’autocollant. Plus de 900 personnes sont désormais membres de ce groupe qui permet de collecter des statistiques, établir des recoupements, et mobiliser les citoyens. Premier constat sur le terrain, le non-respect du STOP PUB par les enseignes Intermarché et Pizza Hut en local a presque disparu depuis le dépôt de la plainte en août 2018. Cela démontre bien que les enseignes ont les moyens pour faire respecter le STOP PUB lorsqu’elles le veulent, en particulier en passant cette consigne très clairement à leurs prestataires de distribution. Cela est d’autant plus possible que les sociétés de distribution comptabilisent avec précision les STOP PUB sur les boîtes, et pourraient adapter les quantités distribuées.

A l’échelle de la France, cette action a suscité de l’intérêt auprès de beaucoup d’autres groupes locaux Zero Waste. Des actions citoyennes sont montées ainsi que des dossiers juridiques. En fonction des circonstances locales, de nouvelles actions pourront être enclenchées dans les prochains mois, en testant le cas échéant d’autres modalités. Par exemple, d’autres catégories d’entreprises régulièrement contrevenantes comme les agences immobilières pourraient aussi être incriminées, ainsi que celles des sociétés de distribution les moins coopératives. En outres, des pratiques de « dépôts sauvages » se développent fortement et ne sont pas plus acceptables (paquets de publicités au pied des immeubles ou dans les halls). Les méthodes de preuve aussi pourraient évoluer (caméras placées dans certains halls, multiplication des constats d’huissier, flagrant délit, etc.).

Localement, Zéro Déchet Strasbourg entend bien sûr accentuer la sensibilisation et la distribution de STOP PUB, qui reçoivent toujours un très bon accueil du public (15 000 distribués en 2018). Bien sûr les enseignes précédemment incriminées vont faire l’objet d’un suivi spécifique pour éviter tout relâchement. Enfin, le classement trimestriel des contrevenants les plus récurrents se poursuit afin d’alerter les enseignes concernées.

Actualités

25 avril 2024

Loi fast-fashion : la coalition Stop Fast-Fashion appelle à concrétiser les efforts face aux lobbies

La loi fast-fashion votée en 1ère lecture le 14 mars à l’Assemblée nationale reste toujours sans date de passage au Sénat. Censée enrayer un système de surproduction délétère pour les droits humai[...]

24 avril 2024

Retours d’expériences européens et français sur le tri à la source des biodéchets

Réunissant des intervenants européens et nationaux de premier plan, la journée d’étude LIFE BIOBEST a permis le partage des meilleures pratiques sur le tri à la source des biodéchets. Organisé les[...]

19 avril 2024

Traité mondial sur la pollution plastique : Zero Waste France se rend à Ottawa pour la reprise des négociations

Alors que les gouvernements reprennent, mardi 23 avril à Ottawa (Canada), les discussions en vue de l’adoption d’un texte contraignant pour mettre fin à la pollution plastique, Zero Waste France s[...]

11 avril 2024

Prévention des déchets : les dysfonctionnements du principe pollueur-payeur

Dans son nouveau rapport, rendu public lors d’un débat organisé à l’Assemblée nationale le 11 avril 2024, Zero Waste France dresse un bilan critique de l’application du principe pollueur-payeur, à[...]

à la une
04 avril 2024

Affichage environnemental du textile, un étiquetage qui s’affiche ambitieux

L’affichage environnemental, prévu dans la loi Agec, voit son rôle renforcé par la proposition de loi fast-fashion en débat au Parlement. En quoi consiste ce nouvel étiquetage prévu sur les vêteme[...]

14 mars 2024

Loi sur l’impact environnemental du textile : un premier pas historique pour en découdre avec la fast-fashion

Après des mois de forte mobilisation, la coalition Stop Fast-Fashion se félicite du vote par les député·es de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du textile. Malgré des[...]

08 mars 2024

La lutte écologique ne se fera pas sans une lutte féministe

A travers la démarche zéro déchet zéro gaspillage, c’est souvent l’écologie des petits gestes qui est privilégiée. Au-delà du fait que cette démarche ne peut être considérée comme l’unique et seul[...]

06 mars 2024

Règlement européen sur les emballages : Zero Waste France et No Plastic In My Sea regrettent un texte édulcoré et insuffisant pour mettre fin au tout-jetable

Les négociations sur le règlement UE sur les emballages ont abouti lundi 4 mars 2024 sur un accord de compromis entre les États membres et le Parlement européen, mais l’accent mis sur le recyclage[...]

26 janvier 2024

Moins 30% d’ordures ménagères avec la mise en place d’une tarification incitative

L’Ademe a publié en janvier deux études sur les collectivités ayant adopté une tarification incitative, montrant leurs meilleures performances en matière de réduction des ordures ménagères, et rel[...]

18 janvier 2024

Réparation : la loi AGEC a-t-elle permis de limiter la casse ?

Indice de réparabilité, accès aux pièces détachées, bonus réparation : autant de mesures prévues par la loi AGEC pour allonger la durée de vie des produits, notamment des équipements électriques e[...]