09 novembre 2021
Théo Céraline

Top 10 des pires pollueurs plastiques 2021 : comme un air de déjà-vu

Le mouvement Break Free From Plastic a récemment publié son audit de marques 2021 qui établit le top 10 des plus grands pollueurs plastique dans le monde. Sans surprise, Coca-Cola Company maintient sa première place. A noter en prime : Unilever, nouveau venu sur le podium, se trouve également être un partenaire officiel de la COP26.

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Bluesky

Le mouvement Break Free From Plastic créé en 2016, rassemble plus de 11000 organisations non-gouvernementales, citoyennes et citoyens bénévoles à travers le monde, qui exigent des réductions massives des plastiques à usage unique et font pression en faveur de solutions durables à la crise de la pollution plastique.

Il organise depuis 2018 des campagnes “d’audit de marques” en identifiant et recensant celles-ci parmi des stocks de déchets plastiques collectés principalement en extérieur. Les résultats sont présentés dans un rapport annuel qui classe les marques les plus polluantes dans un top 10. Dans cette quatrième édition, plus de 11 184 bénévoles se sont mobilisé·es pour mener 440 audits à travers 45 pays et analyser plus de 330 493 morceaux de plastique.

le rapport complet (en anglais)

Parmi les 7 762 sociétés-mères identifiées lors de l’audit, les dix plus gros pollueurs plastiques sont (roulements de tambour) …

  1. Coca Cola Company
  2. PepsiCo
  3. Unilever
  4. Nestlé
  5. Procter & Gamble
  6. Mondelëz International
  7. Philip Morris International
  8. Danone
  9. Mars, Inc.
  10. Colgate-Palmolive

Il est intéressant de noter que Coca Cola Company atteint un nombre total de déchets plastiques supérieur aux deux résultats combinés de PepsiCo et Unilever, et ce malgré les engagements de la marque en 2018 à collecter une bouteille plastique pour chaque bouteille vendue. Le rapport souligne ainsi la limite des engagements volontaires pris par les  acteurs privés et dénonce par ailleurs le fossé entre leurs investissements publicitaires, marketings et les investissements dédiés aux alternatives de distribution privilégiant le réemploi.

Pourquoi interpeller les marques polluantes ?

Les acteurs économiques et plus particulièrement les sociétés de produits de grande consommation (Coca-Cola, PepsiCo, Nestlé, Danone, etc.) ont une responsabilité toute particulière dans les crises actuelles de la pollution plastique et du climat. En effet, en plus de leur pollution plastique historique, leur modèle économique est basé sur une dépendance aux emballages plastiques qui permet au secteur des énergies fossiles de réorienter aujourd’hui son offre vers la pétrochimie. Ainsi, les produits pétrochimiques, matériaux de base du plastique, vont devenir le facteur principal dirigeant la demande mondiale en pétrole selon l’Agence Internationale de l’Energie (IEA) et la production de plastique devrait doubler en vingt ans si rien n’est fait. Le mouvement considère également que les entreprises possèdent une marge de manœuvre cruciale pour opérer des changements structurels nécessaires à l’atténuation des crises du plastique et du climat; puisque 69 des 100 plus grandes économies mondiales sont des entreprises et non des pays.

Quel lien entre plastique et climat ?

Ce nouvel audit de marques insiste particulièrement sur le lien entre crise du plastique et crise climatique. Entre l’extraction des combustibles fossiles, leur transport, le raffinage, la manufacture et le traitement des déchets plastiques, on oublie souvent que le cycle de vie du plastique dans son ensemble a un impact climatique considérable. D’ailleurs, si le cycle de vie total du plastique était un pays, ce serait le 5ème plus grand émetteur de gaz à effet de serre (GES) au monde et aujourd’hui le coût total des émissions de GES du cycle de vie du plastique est de 171 milliards de dollars US$

Le rapport souligne également que la crise du plastique est aussi une affaire de justice climatique, en impactant plus lourdement la jeunesse, les pays dits du Sud, les communautés à faible revenu et les personnes racisées. Ces communautés sont en effet largement plus soumises à des risques, que ce soit en termes d’exposition aux polluants chimiques nocifs issus de la production et du raffinage du plastique, du contact alimentaire avec les emballages plastiques ou encore de certains modes de traitement des déchets polluants.

Que peut-on faire face à cette crise du plastique ?

Break free from plastic rappelle que les entreprises doivent être beaucoup plus transparentes et révéler les quantités de plastique utilisées et les émissions de GES associées,  elles doivent réduire cette pollution plastique, avec des objectifs chiffrés rendus publics, et enfin réinventer la distribution de leurs produits pour rendre possible le réemploi dans des conditions saines et accessibles à tous. 

Les gouvernements de leur côté doivent réguler plus strictement les entreprises polluantes et investir dans de vraies politiques de réduction des déchets et d’alternatives de réemploi au sein des plans climatiques nationaux en évitant les fausses solutions comme l’incinération. 

Enfin, le mouvement appelle la communauté internationale, et particulièrement les membres de l’assemblée du Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (UNEA) à préparer un traité international contraignant sur la pollution plastique en considérant l’ensemble du cycle de vie de celui-ci.

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