23 mai 2017
Pauline Debrabandere

McDonald’s : une politique déchets à contre-courant de l’économie circulaire

A l'occasion de l'assemblée générale de McDonald's, Zero Waste France publie un rapport sur la politique de gestion des déchets de la multinationale, encore largement insuffisante.

Partager

En tant que principale chaîne de restauration rapide, premier franchiseur, second employeur privé à travers le monde, premier distributeur de jouets (via les Happy Meal™) et l’un des principaux clients de l’industrie agro-alimentaire, McDonald’s marque de son empreinte l’économie mondiale, mais aussi l’environnement. Si la multinationale est déjà sous le feu des critiques pour ses pratiques fiscales, sociales, voire anticoncurrentielles, ses pratiques environnementales en matière de gestion des déchets n’avaient pas encore fait l’objet d’un examen approfondi, notamment en France, deuxième marché mondial de l’enseigne en termes de chiffre d’affaires juste derrière les Etats-Unis. En mai dernier, Zero Waste France publiait un rapport analysant la politique déchets de l’enseigne : modèle du tout jetable, faible taux de recyclage et absence de transparence dans les données communiquées.. les marges de progrès sont importantes pour McDonald’s France !

Déchets de McDonald’s : des résultats en régression

Le principe du tout-jetable sur lequel est fondé le modèle d’entreprise de McDonald’s est responsable de la production d’une quantité considérable de déchets : chaque minute, l’entreprise utilise près de 2,8 tonnes d’emballages jetables pour servir ses clients à travers le monde, ce qui représente 115 tonnes d’emballages jetés par jour en France (soit plus d’1 kg par seconde !). Malgré les actions d’éco-conception mises en avant par l’entreprise dans son plan déchets, la production totale de déchets de McDonald’s semble être en augmentation en France, de l’ordre de 20% entre 2013 et 2015.

Du côté du recyclage, l’entreprise affiche des chiffres en baisse : de 26,5% de recyclage en 2013 à 25% en 2015. Le tri ne semble toujours pas généralisé à l’ensemble des restaurants en France.

Enfin, la proportion des déchets organiques dans le total des déchets produits par McDonald’s a augmenté de 13 à 20,3% entre 2013 et 2015. La plupart des ingrédients utilisés par l’entreprise ne nécessitant pas d’étape de préparation supplémentaire en cuisine, on peut estimer qu’une part importante de ces déchets correspond à du gaspillage alimentaire, qui aurait ainsi considérablement augmenté en deux ans.

Une politique à “géographie variable”

La politique déchets de McDonald’s se caractérise par ailleurs par des mesures à “géographie variable”, malgré des menus et un service standardisés à travers le monde. Ainsi, seuls 25% des déchets produits par McDonald’s en France sont recyclés alors que dans des pays européens voisins (Allemagne, Belgique, Pays-Bas), l’entreprise affiche des taux de recyclage de plus de 90%.

La logique est la même pour la composition des emballages. McDonald’s a abandonné les boîtes de sandwiches en polystyrène (1990) et les gobelets en polystyrène (2013) aux Etats-Unis, en raison de l’impact environnemental de ce matériau. En revanche, l’enseigne continue d’utiliser le polystyrène dans de nombreux autres pays, notamment en Chine. Une pratique dénoncée par plusieurs associations qui demande à McDonald’s, à l’occasion de l’assemblée générale du groupe, de bannir l’utilisation du polystyrène partout dans le monde.

Un manque de transparence

La politique déchet de McDonald’s France se caractérise également par une certaine opacité. Ainsi, contrairement à d’autres filiales comme McDonald’s Allemagne, l’enseigne ne communique ni la quantité de déchets produits par ses restaurants chaque année, ni le nombre de restaurants ayant mis en place le tri.

Zero Waste France a ainsi adressé un courrier à l’entreprise pour demander que soient communiqués ces données. De nouvelles réglementations sont en effet entrées en vigueur ces dernières années qui obligent les entreprises à trier les déchets organiques et les déchets recyclables en papier carton au delà de certaines quantités. Un respect des réglementations que les clients de l’enseigne devraient être en mesure de vérifier.

Le secteur de la restauration rapide à l’Heure de l’économie circulaire

Le rapport dresse en conclusion un certain nombre de recommandations pour diminuer les quantités de déchets produits par McDonald’s France, allant de l’utilisation de vaisselle réutilisable pour les repas sur place à la généralisation du tri dans tous les restaurants. Si McDonald’s porte une responsabilité particulière en matière de production de déchets au regard de sa taille et de ses activités, ces recommandations s’adressent également aux autres acteurs du secteur de la restauration rapide, dont le modèle repose souvent sur le tout-jetable.

Actualités

19 avril 2024

Traité mondial sur la pollution plastique : Zero Waste France se rend à Ottawa pour la reprise des négociations

Alors que les gouvernements reprennent, mardi 23 avril à Ottawa (Canada), les discussions en vue de l’adoption d’un texte contraignant pour mettre fin à la pollution plastique, Zero Waste France s[...]

à la une
11 avril 2024

Prévention des déchets : les dysfonctionnements du principe pollueur-payeur

Dans son nouveau rapport, rendu public lors d’un débat organisé à l’Assemblée nationale le 11 avril 2024, Zero Waste France dresse un bilan critique de l’application du principe pollueur-payeur, à[...]

04 avril 2024

Affichage environnemental du textile, un étiquetage qui s’affiche ambitieux

L’affichage environnemental, prévu dans la loi Agec, voit son rôle renforcé par la proposition de loi fast-fashion en débat au Parlement. En quoi consiste ce nouvel étiquetage prévu sur les vêteme[...]

14 mars 2024

Loi sur l’impact environnemental du textile : un premier pas historique pour en découdre avec la fast-fashion

Après des mois de forte mobilisation, la coalition Stop Fast-Fashion se félicite du vote par les député·es de la proposition de loi visant à réduire l’impact environnemental du textile. Malgré des[...]

08 mars 2024

La lutte écologique ne se fera pas sans une lutte féministe

A travers la démarche zéro déchet zéro gaspillage, c’est souvent l’écologie des petits gestes qui est privilégiée. Au-delà du fait que cette démarche ne peut être considérée comme l’unique et seul[...]

06 mars 2024

Règlement européen sur les emballages : Zero Waste France et No Plastic In My Sea regrettent un texte édulcoré et insuffisant pour mettre fin au tout-jetable

Les négociations sur le règlement UE sur les emballages ont abouti lundi 4 mars 2024 sur un accord de compromis entre les États membres et le Parlement européen, mais l’accent mis sur le recyclage[...]

26 janvier 2024

Moins 30% d’ordures ménagères avec la mise en place d’une tarification incitative

L’Ademe a publié en janvier deux études sur les collectivités ayant adopté une tarification incitative, montrant leurs meilleures performances en matière de réduction des ordures ménagères, et rel[...]

18 janvier 2024

Réparation : la loi AGEC a-t-elle permis de limiter la casse ?

Indice de réparabilité, accès aux pièces détachées, bonus réparation : autant de mesures prévues par la loi AGEC pour allonger la durée de vie des produits, notamment des équipements électriques e[...]

22 décembre 2023

Loi AGEC : assistera-t-on aux changements annoncés pour le 1er janvier 2024 ?

Bientôt quatre ans après la publication de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, de nouvelles dispositions doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2024. Zero[...]

21 décembre 2023

Fast-fashion : les ONG demandent une loi pour encadrer les pratiques du secteur de la mode

Alors que le Black Friday et autres soldes continuent de s’imposer en France à grands coups de publicités tapageuses, Zero Waste France a lancé avec une coalition d’ONG la campagne “Stop fast-fash[...]