09 novembre 2016
Louise Rieffel

Marre du café ? Passez aux champignons

Faire pousser des champignons dans du marc de café ? C’est désormais possible grâce à la Boîte à Champignons, une start-up spécialisée dans l’agriculture urbaine qui inaugurait mercredi 9 novembre son nouveau site de production.

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Faire pousser des champignons dans du marc de café ? C’est désormais possible grâce à la Boîte à Champignons, une start-up spécialisée dans l’agriculture urbaine qui inaugurait mercredi 9 novembre son nouveau site de production. Un espace de 1000 m2 implanté au sein de la Ferme horticole Théart à Saint-Nom-la-Bretèche (78), dédié à la culture de pleurotes et qui illustre très concrètement le principe de l’économie circulaire.

Imiter la nature pour produire une nouvelle ressource

Le concept d’upcycling prend tout son sens dans le projet de la Boîte à champignon. L’entreprise évite au marc de café de devenir un déchet, en le transformant en substrat pour cultiver des pleurotes, et crée ainsi une nouvelle ressource.

Le marc de café provient essentiellement des machines de distribution installées dans les entreprises notamment. La Boîte à champignons collecte les bacs pleins directement chez les distributeurs, et leur donne des bacs vides en échange. Arrivé sur le site de production dans des sacs, il faut alors effectuer un premier tri pour enlever les morceaux de plastique ou gobelets, ou mettre de côté le marc de café de mauvaise qualité qui ne pourra pas être utilisé. Le marc est ensuite mélangé avec de la paille broyée, nécessaire pour l’aérer, et le mycélium, c’est-à-dire la partie végétative du champignon. Ce mélange est ensaché dans des sacs plus ou moins gros (de 1 à 20 litres), ensuite suspendus dans le noir pendant une vingtaine de jours, période nécessaire pour que le mycélium se développe. Puis les sacs sont transférés dans une autre salle, humide et éclairée pour recréer les meilleures conditions de pousse pour le champignon, où ils restent pendant 5 à 6 semaines.

Chaque sac peut produire jusqu’à 2 kg de pleurotes, soit une production totale d’une tonne par semaine. Pour générer encore moins de déchets, l’entreprise s’oriente aujourd’hui vers l’utilisation de sacs compostables. Après récolte, le contenu des sacs est vidé pour un retour au sol de la matière organique par les producteurs régionaux. Rien ne perd, tout se transforme.

Ce que ce projet peut apporter à la ville, c’est avant tout la résilience

Le projet, lancé à petite échelle en 2011, s’est rapidement développé et ce sont désormais 14 personnes qui travaillent à temps plein pour la Boîte à champignons, contre seulement 5 en 2014. Et la quantité de marc de café valorisé est passée de 100 kg par semaine en 2013 à 5 tonnes par semaine en 2016 ! L’entreprise voit les choses en grand, avec un doublement de la production de pleurotes dans les prochains mois. Elle fournit déjà plusieurs restaurants de la capitale en pleurotes “Monte Cristo” et propose aussi aux particuliers de cultiver eux-même leurs champignons dans leur cuisine avec des kits “prêt à pousser”. 60 000 boîtes ont déjà été vendues en 2016 et les deux co-fondateurs ne comptent pas s’arrêter là. “L’idée, c’est que ce site puisse être développé partout où il y a du café à valoriser”, expliquent Arnaud Ulrich et Grégoire Bleu. Avec toujours pour objectif de permettre aux citadins de cultiver leur nourriture chez eux, de manière circulaire et auto-suffisante.

La Boite à Champignon

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