16 décembre 2014
Thibault Turchet

Dois-je payer la redevance d’enlèvement des ordures ménagères si je ne produis aucun déchet?

Il est possible d'être exonéré de REOM lorsque aucune utilisation du service collectif d'enlèvement des déchets n'est faite, et qu'il existe une traçabilité de l'élimination des déchets éventuellement produits.

Newsletter
Partager

De plus en plus de foyers parviennent à réduire drastiquement voire supprimer toute production de déchets et de ce fait, sollicitent peu voire pas le service public d’enlèvement des ordures ménagères. Mais ces foyers se voient souvent obligés de payer la taxe (TEOM) ou redevance (REOM) d’enlèvement des ordures ménagères, qui même lorsqu’elle est incitative, leur semble trop importante au regard de l’utilisation, nulle, qu’ils font du service. Faisons le point en droit.

Une exonération de la redevance pour les foyers ne produisant pas de déchets

Un foyer qui ne produit pas de déchets, n’a pas à payer la REOM si deux conditions sont remplies (NB : ne s’applique pas aux territoires soumis à la TEOM) :

  • la non-utilisation complète du service public de collecte des ordures ménagères ;
  • la preuve par le foyer que l’élimination des déchets éventuellement produits se fait dans les conditions prévues par la législation en vigueur (pas de pollution, ni dégradation des milieux ou autres effets nocifs, etc.).

Rappelons que la REOM est, par définition une redevance, c’est-à-dire qu’elle est payée en échange d’un service rendu par la collectivité. En l’absence de service rendu, en somme si le service n’est pas utilisé par un foyer, il est logique qu’aucune redevance ne soit demandée.

Un exonération difficile à obtenir

Néanmoins, une telle exonération peut être difficile à obtenir dans les faits. D’une part, il ne faut pas du tout utiliser le service collectif de collecte des déchets dans toutes ses composantes et de façon absolue : cela exclut donc a priori le dépôt même minime de déchets dans les déchetteries, dans des bacs d’apport volontaire ou autres centres de tri publics.

D’autre part, en l’état du droit, les foyers doivent prouver que l’élimination des déchets éventuellement produits se fait dans le respect de la législation en vigueur.Dans les faits, les particuliers appliquant une démarche zero waste rapportent parfois des emballages en magasin, revendent des matériaux ou encore compostent leurs biodéchets. Ils doivent alors rassembler un maximum de preuves permettant de démontrer que ces déchets, quand ils sont donnés ou vendus à un tiers, suivent des filières de traitement légales, ce qui peut s’avérer particulièrement difficile en pratique.

Ces deux conditions permettant de s’exonérer du paiement de la REOM sont donc particulièrement strictes, puisqu’il convient de ne pas utiliser même indirectement (via notamment les déchetteries) le service collectif d’enlèvement des ordures ménagères, et surtout de récolter des informations sur les filières empruntées par les déchets résiduels.

Comment procéder pour faire valoir son droit à l’exonération?

De plus amples précisions devraient être apportées à l’avenir avec la multiplication des foyers zero waste, et la multiplication des litiges à ce sujet. Nous préconisons évidemment avant tout contentieux, un rapprochement amiable et pédagogique avec les collectivités concernées, qui peuvent parfois être dubitatives quant à réalité d’une démarche zéro déchet, zéro gaspillage.

Nous vous invitons à partager votre expérience à ce sujet dans les commentaires. Les foyers qui se lancent dans une telle démarche sont des pionniers et leur partage d’expérience est essentielle pour que d’autres puissent suivre.

Actualités

à la une
17 juillet 2024

JOP de Paris 2024 : faux départ pour le réemploi des emballages

Alors que les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) ont été annoncés comme un immense événement “zéro déchet” et “zéro plastique à usage unique”, les modalités de distribution des boissons par le[...]

11 juillet 2024

Plastique : en Normandie, le projet de recyclage chimique Eastman suscite l’inquiétude

A Saint-Jean-de-Folleville (76), le projet Eastman pourrait être l'un des plus grands projets de recyclage chimique au monde. Problèmes : ce procédé n’a jamais fait ses preuves, ses impacts enviro[...]

26 juin 2024

Élections législatives : soutenir une transition écologique juste

Les 30 juin et 7 juillet prochains, tous·tes les Français·es seront appelé·es aux urnes pour élire leurs représentant·es à l’Assemblée nationale. Face à la menace de l’extrême droite, Zero Waste F[...]

17 juin 2024

Recyclage du polystyrène : une « impasse » pour Zero Waste France

Une enquête du Monde et Franceinfo indique que le gouvernement a investi des centaines de millions d’euros, sans succès, pour développer le recyclage du polystyrène. Zero Waste France demande le m[...]

11 juin 2024

Extrême droite : la position de Zero Waste France

Le score historique de l'extrême-droite aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale constituent un énorme risque pour la transition écologique et la réduction des déchets.[...]

07 juin 2024

Préservation des ressources, réduction des déchets : pourquoi nous avons besoin d’une Europe ambitieuse

Interdiction de plastiques à usage unique, responsabilité des producteurs : des règles qui ont en commun de résulter du droit de l'UE. À l’occasion du renouvellement du Parlement européen, Zero Wa[...]

06 juin 2024

Sondage : les Français·es majoritairement favorables à l’interdiction des bouteilles en plastique de moins de 50 cl

Alors que les scandales dans le secteur de l’eau en bouteille se succèdent, un sondage OpinionWay pour les associations Zero Waste France et No Plastic In My Sea, rendu public ce jour, montre que [...]

29 mai 2024

Evaluation de la loi AGEC : les associations appellent le gouvernement à mettre en oeuvre rapidement les recommandations des parlementaires

Alors que la mission d’évaluation de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) a rendu ce jour son rapport, les associations Zero Waste France, No Plastic In My Sea, Les Amis de l[...]

14 mai 2024

Tendances maison : un nouveau rapport dénonce les dérives de la fast-déco

Dans un nouveau rapport, Zero Waste France, le Réseau National des Ressourceries et Recycleries et les Amis de la Terre France pointent l’emballement de la production dans l’ameublement et la déco[...]

14 mai 2024

Célébration du militantisme pour le réseau Zero Waste

Cette année encore, Zero Waste France a profité de l’arrivée des beaux jours pour inviter les militant·es du réseau à un week-end de militantisme et de convivialité à la Maison du Zéro Déchet. [...]