Voyage d’étude Zero Waste France en Alsace et Franche-Comté

Pour élaborer une démarche « zéro déchet, zéro gaspillage » sur son territoire, rien de mieux que d’aller à la rencontre de collectivités ayant déjà mis en place des mesures significatives de réduction des déchets. C’est ce que nous avons fait en organisant un voyage d’étude en Alsace et Franche-Comté.

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L’objectif : rencontrer des acteurs de territoires français ayant enregistré une baisse significative de leurs ordures ménagères résiduelles pour connaître les raisons et les facteurs de réussite de leurs bons résultats. En attendant un compte-rendu détaillé de nos rencontres, le bilan de ce voyage apparaît d’ores et déjà très positif.

Première étape à Besançon : l’effet moteur de la tarification incitative

Besançon était la première étape de notre périple. Le syndicat de traitement des déchets de Besançon et de sa région (SYBERT) enregistre en effet de très bons résultats en termes de réduction des déchets. Et pour cause, la capitale franc-comtoise est la première grande ville française à avoir choisi la redevance incitative comme mode de financement du service public de gestion des déchets. Concrètement, les habitants de l’agglomération se voient facturés une part fixe calculée en fonction du volume de leur bac et une part variable dépendant en partie du nombre de levée du bac et en partie du poids de leur poubelle d’ordures ménagères résiduelles.

Un portail en ligne permet à chaque usager de suivre en direct l’évolution du poids de ses poubelles, de régler ses factures et de faire des demandes ou signalements aux services de la ville.  Ce système permet d’inciter chaque usager à réduire sa production de déchets et de sensibiliser au coût que représente la gestion de nos poubelles, pour la collectivité mais aussi pour l’environnement.

L’application de la tarification incitative à Besançon et sa région s’est bien sûr accompagnée d’un programme de prévention des déchets mené par le SYBERT avec l’appui de l’Union européenne. Les participants au voyage ont ainsi pu découvrir les différentes actions menées par le syndicat, notamment la promotion du  compostage en pied d’immeubles et l’installation de chalets de compostage de proximité qui récupèrent les déchets organiques de 100 à 150 foyers.

Enfin, toujours à Besançon, une visite de la crèche de l’Artois nous a permis d’étudier l’introduction des couches lavables dans une structure municipale. Quelques années après le début de l’expérimentation, le personnel semble convaincu par la démarche et le bilan dressé est plutôt positif, même si la participation des parents au système reste compliquée dans ce quartier défavorisé de l’agglomération. La rencontre avec l’association Alsace-Eco Service et avec une technicienne prévention en charge des couches lavables au SM4 confirme que des possibilités existent pour séduire les parents, comme un service de lavage de couches et de livraison à domicile ou encore des prêts de kits de couches pour essayer différents modèles avant d’investir.

A Thann et Cernay : halte au gaspillage des biodéchets

La seconde étape du voyage nous a mené aux environs de Mulhouse, sur le territoire du syndicat mixte de Thann-Cernay. Là-bas aussi, les résultats sont plutôt impressionnants avec moins de 100 kg d’ordures ménagères résiduelles produites par an et par habitant (quand la moyenne nationale se situe autour de 300 kg). La mise en place en 2010 de la collecte séparée des biodéchets, qui constituent 1/3 de notre poubelle, y est pour quelque chose. Collectés séparément, ceux-ci sont envoyés sur une plateforme de compostage que nous avons visitée. Les biodéchets y fermentent durant un mois et se transforment en compost conforme à l’écolabel européen, qui est ensuite revendu aux agriculteurs et aux particuliers de la région. Si la participation des habitants au tri des biodéchets reste à améliorer, notamment dans les zones d’habitat collectif, la qualité de la collecte est bonne et les refus de tri sur la plateforme de compostage ne s’élèvent qu’à 0,6%.

Pour conclure ce voyage, nous avons profité de notre venue en Alsace pour rencontrer des acteurs de la consigne (distributeurs de boisson, brasseurs, directeur de station de lavage), qui reste bien développée dans la région. L’occasion d’échanger avec ces différents professionnels sur le système de bouteilles consignées qui s’impose comme une évidence d’un point de vue écologique mais qui rencontre aujourd’hui beaucoup de difficultés à se maintenir, notamment du fait du manque d’adhésion de la grande distribution.

Après un premier voyage en Italie à la rencontre des territoires pionniers en matière de démarche “zéro déchet”, ce second voyage a donc lui aussi tenu ses promesses. Surtout, au delà des visites et des rencontres, les discussions informelles entre les participants ont contribué elles-aussi à faire avancer la réflexion de chacun et à lancer une dynamique positive. A travers d’autres formations et voyages, nous continuerons toute l’année à avancer avec les collectivités qui le souhaitent vers l’objectif du “zéro déchet, zéro gaspillage”.

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